à propos

c’était il y a presque dix ans, j’ai découvert les mots d’Aile. à cette époque, la parole écrite était déjà dans nos phalanges, autant le mouvement de deux mains inconnues; une droite et une gauche parfaitement différentes l’une de l’autre. les deux mains ont écrit longtemps, l’une à part l’autre, pourtant que liées sans attache réelle à une passerelle, un pont de ciel. c’était… jusqu’à ce que les mots se tutoient. un jour ou était-ce une nuit, le savons-nous encore – je dirai un jour pour elle et une nuit pour moi – les mains s’étaient mise à écrire l’une à l’autre, sa droite à ma gauche et ma gauche à sa droite.

je me souviens du sentiment d’avoir marché longtemps dans une obscurité qui m’apparaissait perpétuelle – rien à voir avec le creux de l’hiver, les deux mois de noirceur en Suède, en Norvège, en Laponie, en Sibérie… ou dans le Grand Nord du Québec, non, ni avec une maladie – même si avec le recul je conçois cette longue nuit de ma mi-trentaine comme un voyage en terre étrangère, je sais très bien que je ne traversais que ma mémoire.  l’écriture y allumait des feux de loin en loin, des balises dans mes territoires. de quoi se perdre et se trouver! enfin bref, toujours est-il que pendant cette traversée, il arriva Aile, il arriva cette rencontre d’elle, où chaque fois un ciel semblait s’ouvrir sur un jour étonnant, une brèche vive, une porte soudain, un sentier clair. et c’était comme si j’avais retrouvé le sens dans lequel tourne la Terre.

il y a quelque part dans ce ciel virtuel, le premier sentier des paroles. je sais que j’en tombais. si je le retrouve parfois, je sais aussi que depuis je suis tombée souvent comme on tombe quand on écrit, ou après – c’est selon – parce qu’on tombe de soi. le poids de 400 copies papier pèse-t-il plus lourd qu’il n’y paraît.  400 ce n’est pas beaucoup, et pourtant c’est beaucoup… je suis certaine qu’Aile comprend. aussi je sais qu’elle comprendra si je dis que – et sans la moindre connotation au religieux –  c’est par elle que je n’ai pas laissé tomber le ciel.

pour cette main, la sienne précisément – n’apparaissant que rarement et puisque j’avoue une affection particulière pour sa manière, son regard vif autant que la véracité du souffle et sa voix unique – voici ouverte comme un sentier s’ouvre, La chambre d’Aile.

C.G.


1 responses to “à propos

  • aileaile

    à propos
    justement
    c’était en regardant tomber des plumes que je me suis approchée de celles de Cat, que j’observais depuis un moment, qui laissaient de menus sillons dans le sable, reprenaient leurs valses, se ramenaient sur la plage et picoraient le sel de l’eau

    petites brûlures aux pointes, échevelées, mouillées, chatoyantes, un duvet d’oisillon par-dessus des coeurs neufs et ancestraux.

    Catrine, source de mille curiosités, tranchant l’outremer de ma ressemblance, comment l’oublier

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